Le360 - La Commission électorale nationale indépendante (CENI) rappelle les règles du jeu et le devoir de neutralité de l'administration et des médias au moment du démarrage de la campagne pour le référendum du 5 août prochain en Mauritanie.
Il y a néanmoins de gros risques qu'elle prêche dans le vide. Vendredi 21 juillet était le premier jour de campagne en perspective du référendum prévu le 5 août prochain pour l’approbation d’un projet de révision constitutionnelle auquel le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Azizaccorde une importance qui suscite de nombreux soupçons.
Ainsi, pendant deux semaines, les différentes forces politiques favorables au«Oui», celles très rares, ayant jeté leur dévolu sur une participation à travers un vote négatif, et les adeptes du boycott devraient avoir toute latitude pour utiliser les moyens légaux, publics et privés de communication, en vue de promouvoir pacifiquement leurs idées et orienter le choix des citoyens.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI), gendarme des élections, saisit l’occasion pour annoncer «qu’elle garantit aux acteurs politiques en compétition des chances égales pendant un temps déterminé dans un espace de communication réservé», à travers une déclaration rendue publique vendredi.
Par ailleurs, elle appelle au respect «d’un code de conduite, qui exclut les discours offensants, les diatribes personnelles et tous propos susceptibles de susciter des tensions, ou de porter atteinte à la dignité des concurrents».
La CENI attend également des autorités administratives «une position de stricte neutralité vis-à-vis des différentes forces politiques, de même qu’un effort soutenu pour assurer un climat de sécurité et de sérénité indispensable au bon déroulement de la campagne».
La suite s’adresse aux responsables et personnels des médias nationaux, publics et privés, appelés «à jouer pleinement le rôle qui leur revient, dans le cadre de la couverture de cet événement».
Mais au-delà des appels de principe, du discours convenu et de la vieille langue héritée d’une vingtaine d’années de monolithisme, de 13 ans de régime d’exception et de 26 ans d’un système pluraliste sous contrôle des militaires, de nombreux observateurs estiment que la commission électorale prêche dans un vide sidéral.
A titre d’illustration, ils pointent un doigt accusateur sur le pouvoir, évoquant le premier meeting du président Mohamed Abdel Aziz à Nouakchott, qui a mobilisé toute l’administration.
Ce doute par rapport au principe de neutralité est également nourri par le comportement des médias publics, qui sont en réalité des organes d’Etat, n’écoutant que la voix du prince du moment, depuis le putsch du 6 août 2008.
Ce qui tranche étrangement avec la transition militaire 2005/2007 qui avait permis des avancées démocratiques notables et une réelle ouverture de ces médias de service public aux différents courants de pensées et débats qui agitent la société mauritanienne.
Ce référendum, sur la base de l’article 38 de la Constitution du 20 juillet 1991, une disposition controversée, porte sur un projet de révision constitutionnelle prévoyant la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, le changement des symboles nationaux (drapeau et hymne) et la suppression de certaines institutions.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
Sources : Cridem
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