Ibn Khaldoun répond à Ely
Ould Meidah
Dans le N° 13 du Journal « Mauritanie Demain », du mois d’avril 1990,
Ely Ould Meîdah disait sous le Titre : Les enseignants sont des gens
saignants.
Dans le N° 13 du Journal « Mauritanie Demain », du mois d’avril 1990,
Ely Ould Meîdah disait sous le Titre : Les enseignants sont des gens
saignants.
Ils ont saigné et c’est précisément en saignant et parce qu’ils ont saigné qu’ils sont devenus et
demeureront enseignants. Situation peu viable du reste. C’est ce qu’ils sont
mal vu les enseignants. Sont –ils seulement vus ? Il m’est arrivé de me
présenter comme étant douanier,
par exemple, et croyez- le ou non, mais je vous jure que l’idée qu’on se faisait de ma pomme changea
brusquement et on m’entoura de la plus grande attention et surtout du
plus grand intérêt.
Ce qui est bizarre, c’est que les enseignants sont trois fois mieux payés que les douaniers. Alors,
je vous prie de bien vouloir me dire ce qui se cache derrière tout cela la tenue
treillis peut être ? Ou alors les
T.S ? Je pense que ce n’est pas cela On m’aurait dit que dans nos collectivités d’antan celui qui à qui on
confiait la charge d’enseigner les
mouflets est toujours le parent pauvre
qui, faute d’avoir à s’occuper de ses biens matériels, s’est
occupé spécialement de parfaire son enseignement
Coranique. Et l’image resta.
L’enseignement aujourd’hui est toujours ce parent pauvre même si, trop souvent hélas, il n’est la parent de
personne. Ceci explique cela.
Ely Ould Meidah
Enseignant
Enseignant
Ibn Khaldoum dans les prolégomènes nous dit :
On sait que l’homme est naturellement porté à fonder des jugements sur des analogies et des ressemblances. Ce procédé n’est pas à l’abri de l’erreur, et, lorsque l’étourderie et le défaut de réflexion s’y joignent, il écarte ceux qui l’emploient du but qu’ils se proposent, et les détourne de ce qui fait l’objet de leurs recherches. Celui qui entend raconter les événements des temps passés et qui ne se doute pas des modifications ni des changements survenus dans la société humaine, établit, au premier abord, un rapprochement entre ces faits et les choses qu’il a apprises ou dont il a été témoin. Or comme ces deux termes de comparaison peuvent offrir des différences considérables, on s’expose à commettre de graves méprises. Il faut ranger dans ce genre d’erreurs ce que les historiens racontent au sujet d’El-Haddjadj. Son père, disent-ils, était maître d’école. Or, de nos jours, l’enseignement est un métier que l’on exerce pour vivre et qui ne convient en aucune façon aux personnes dont la famille exerce une grande influence.
Le maître d’école est un
être sans conséquence ; il occupe
dans la société une position inférieure et ne fait aucune figure dans le monde. Beaucoup de gens
pauvres, qui exercent des arts ou
des métiers pour gagner leur vie, s’imaginent qu’à l’exemple d’El Haddjadj ils pourront atteindre
aux plus hautes destinées,
bien qu’ils n’en soient pas dignes, et ils se figurent qu’un tel changement ne serait pas impossible. Cédant
aux suggestions de l’ambition, ils
cherchent à monter aux honneurs ; mais la corde qu’ils
tiennent entre les mains se casse, et ils tombent dans un précipice où la mort et la ruine les attendent. Ils ne
comprennent pas combien de
pareilles prétentions sont absurdes chez des gens de leur espèce, des malheureux qui doivent exercer un art ou
un métier pour soutenir leur
existence. Il n’en était pas ainsi sous les deux premières dynasties de l’islam : à cette époque,
l’enseignement ne passait
nullement pour un métier ; il consistait à communiquer aux autres les ordres qu’on avait entendus de la bouche du
législateur, et à leur apprendre
les principes religieux dont ils n’avaient point de connaissance, et cela se faisait à titre de
communication gratuite.
Aussi les hommes de haute naissance et les puissants chefs de tribu qui avaient combattu pour établir la religion étaient ceux qui enseignaient le Coran et les lois émanées du Prophète ; c’était de leur part une simple communication de doctrines, et nullement l’exercice d’un enseignement mercenaire, car il s’agissait du livre sacré que Dieu avait envoyé à leur Prophète, et dont les prescriptions devaient être la règle de leur conduite. L’islam, pour lequel ils avaient combattu jusqu’à la mort, était leur religion, et ils se faisaient gloire de le posséder seuls entre tous les peuples ; donc ils s’empressèrent d’enseigner ses doctrines et de les faire comprendre à leur nation. Dans l’accomplissement de cette tâche, ils ne se laissèrent pas arrêter par les reproches de l’orgueil ou par les remontrances de l’amour-propre ; la preuve en est que le Prophète, en
congédiant les députations des tribus arabes, les faisait accompagner par les principaux d’entre ses compagnons, chargés d’enseigner à ces peuples les préceptes de la loi religieuse qu’il avait apportés aux
hommes. Ces missions furent confiées par lui à ses dix principaux compagnons, puis à d’autres d’un rang inférieur.
Lorsque l’islam fut solidement établi et que les racines de la religion
se furent affermies, les peuples les plus éloignés le reçurent des mains
de ses adhérents ; mais, après un laps de temps, cette doctrine subit des
modifications : on avait tiré des textes sacrés des maximes pour les appliquer à la solution des nombreux cas
qui se présentaient sans cesse devant les tribunaux, de sorte qu’on sentit
la nécessité d’un code qui mettrait la justice à l’abri des erreurs. La
connaissance de la loi, devenue alors une acquisition importante, exigea un
enseignement régulier, lequel prit bientôt place au nombre des arts et
des professions, ainsi que nous l’expliquerons dans le chapitre consacré à la
science et à l’enseignement. Les chefs des grandes tribus, devant s’occuper à
maintenir la puissance de l’empire et l’autorité du souverain,
abandonnèrent la science (de la loi) à ceux qui voulaient bien s’y adonner ;
aussi l’enseignement devint une de ces professions dont l’exercice fait vivre.
Les gens riches et les grands personnages de l’État dédaignèrent de s’y livrer ; il
passa entre les mains de quelques hommes sans considération, tomba au rang de
simple métier et resta exposé au dédain des nobles et des courtisans.
El-Haddjadj était fils de Youçof, l’un des principaux membres
de la tribu de Thakîf. Tout le monde sait que ces chefs portèrent au plus haut
degré l’esprit de corps et de famille, sentiment naturel aux Arabes, et que,
sous le rapport de la noblesse, ils rivalisaient avec les Coreïch.
L’enseignement du Coran n’était point alors ce qu’il est aujourd’hui, un métier
qui fait vivre ; il n’avait éprouvé aucun changement depuis l’origine de
l’islam.
Sidi Ould Bobba
D.G Collège Bir - Moghrein
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